Live Mag épisode 3 : la chronique des élèves de Term HGGSP

Ci-dessous, le compte rendu des élèves, intitulé « Chronique des temps nouveaux ».

Chronique des Temps Nouveaux

Un évènement hors du commun
Confortablement assis dans les sièges rouges du théâtre, nous avons enfin pu consumer toute l’impatience qui s’était accumulée en nous et découvrir les surprises d’un spectacle un peu particulier : le Live Magazine.
Mais d’abord, quel plaisir de pouvoir à nouveau se rendre au théâtre ! Gels, masques et distanciations sociales, nous ont permis d’enfin nous évader d’un quotidien morose. Un événement hors du commun de par le contexte sanitaire et le second confinement qui approchait à grands pas ! Le concept est simple, mais unique : inviter différentes personnalités pour qu’ils content leurs anecdotes, leurs choix de vie ou leurs projets. Un projet particulier de par sa dynamique : La scène est large et peu décorée. Un micro au centre, un écran blanc quelque part dans le fond. La scène paraissait vide, sans pour autant l’être. A droite, comme un public, une dizaine de personnes sont assises. Mathieu Sapin est le premier à s’avancer. Ce dessinateur de BD nous fait découvrir une partie des coulisses de la politique à travers quelques extraits de sa nouvelle Bande Dessinée. Un projecteur s’allume, et des images viennent tout à coup enrichir notre imagination. Dix minutes s’écoulent et voilà que les musiciens commencent à jouer. Ce sont eux qui closent l’intervention, comme pour ajouter une dernière touche de poésie. Il nous faut déjà sortir d’un monde tout juste entrouvert. De nouveau, la scène est vide. Applaudissements. C’est au suivant.
Journalistes, artistes, documentaristes, musiciens se mélangent pour former un ensemble harmonieux. Ils traitent de l’actualité comme de leur intimité... La société de consommation, l’information, la technologie, la politique, l’art, la presse... les mots tombent et les sujets défilent. On ne peut que se sentir concernés. Une heure et demie passe, les participants s’enchaînent et la représentation s’achève. Ce n’est pas pour autant que notre expérience ne s’arrête ici.

La liberté d’expression comme fil directeur
De retour en classe, nous évoquons l’expérience du Live Magazine. Au cours de la discussion, nous voilà de retour sur le lieu : c’est un théâtre - espace qui, dès l’antiquité à Athènes, s’avère être propice à l’échange, au divertissement et à la réflexion politique- Il nous semble alors qu’en effet, le Live Magazine a réussi à concentrer ces trois fonctions. Chaque histoire est une petite graine de réflexion plantée dans notre esprit qui fleurira sûrement plus tard.
Parmi les sujets récurrents nous pouvons retrouver celui de la liberté d’expression qui a résonné dans presque toutes les histoires. Celle-ci est revenue au cœur au de l’actualité récemment, avec l’affaire de Samuel Paty et l’article 24 en débat de la loi de sécurité globale, il nous semblait évident d’inviter les deux documentaristes Jerôme Lambert et Philippe Picard. Ces derniers ont réalisé Charlie 712, histoire d’une couverture, en hommage à Charlie Hebdo et son équipe décédée lors des attentats de 2015. En effet, certains rushs de leur précédent documentaire, Cabu, politiquement incorrect, sont devenus de véritables archives historiques : l’une des scènes montre la réunion qui signe leur arrêt mort sans qu’ils le sachent, celle où ils décident de la Une de leur prochain numéro… Le 7 janvier 2015 résonne comme une véritable atteinte à notre liberté d’expression, si chérie en France. Mais aujourd’hui, en 2020, où en est-elle ? Avec Philippe Picard et Jérôme Lambert nous nous sommes posés la question. En effet, lorsque nous regardons autour de nous, nous ne pouvons dire qu’une chose ; elle est en danger. Et nous pensons que les réseaux sociaux accentuent sa vulnérabilité, tout en étant un véritable levier pour l’exprimer. C’est paradoxal.

Internet au cœur du débat
Entre haine, tendance à l’auto-censure, émotion, fake news et manipulation, Internet peut apparaître comme un espace non pas de délibération mais de polémiques. Toutefois, les algorithmes des réseaux sociaux notamment, s’avèrent être aussi de véritables hauts parleurs pour des opposants politiques ou des petites entreprises. Les différentes plateformes donnent la parole à ceux qui n’y avaient pas ou peu accès avant. Internet est aussi un véritable tremplin pour l’art, que ce soit dans la musique, le dessin, la littérature ou encore l’écriture. Désormais, cela n’est plus seulement une plateforme à but informatif, c’est aussi un grand espace de partage. Cette plateforme tant convoitée de nos jours est moteur de découvertes. D’ailleurs, c’est grâce à elle que nous avons pu entrer en contact avec le Live Magazine et pu faire partie de cette aventure hors du commun ! Cette interrogation sur les réseaux sociaux s’est aussi construite par le témoignage de Thomas Balmès, qui est allé constater l’installation d’Internet au Bhoutan, l’un des derniers pays connectés au monde.
Chaque témoignage du spectacle a pu nous marquer à sa propre manière, certains à travers la poésie, d’autres à travers le divertissement et les rires que cela a pu nous procurer, mais aussi grâce à la puissance de chacun de leurs messages qui touchent infailliblement notre actualité.

Par sa forme et son contenu, ce spectacle est donc doublement novateur : il est une vraie rencontre entre le public et les témoins. Elle permet de répondre à deux aspects qui nous concernent directement. D’abord, le fond du spectacle peut nous aider à nous questionner sur un monde en constante évolution auquel nous sommes encore très peu familiers. Tandis que le format apportant proximité et dialogue, participe à diminuer un malaise et une méfiance grandissante entre citoyens et médias. En réalité, le projet du Live Magazine dépasse la simple représentation scénique et va jusqu’à la rédaction de cette chronique. Cela devient le moyen pour nous d’exprimer et de faire vivre nos libertés aussi bien individuelles que collectives. Le Live Magazine, aussi intrigant soit-il, a su susciter l’intérêt et exprimer l’émotion d’une classe entière.

La classe de Terminale HGGSP1 du lycée Rabelais
Décembre 2020