Conférence « LA PSYCHANALYSE ET L’INCONSCIENT » par F. Niechcicki

La psychanalyse et la philosophie sont reliées par les trois questions fondamentales « qui suis-je ? », pour mieux se comprendre, « D’où viens-je ? », c’est-à-dire notre origine, et « Où vais-je ? », c’est-à-dire la mort.

Freud, philosophe et neurologue autrichien, crée la psychanalyse à la fin du XIXème siècle. Il la définit comme « un procédé d’investigation des processus psychiques inconscients qui autrement seraient difficilement accessibles » et comme « une méthode de traitement des troubles névrotiques, méthode qui se fonde sur les résultats de cette investigation ». Il invente cette théorie et cette thérapeutique pour répondre à certains questionnements : comment sauver l’âme ? ou plus particulièrement comment soigner les personnes atteintes d’hystérie ?
En créant cette « nouvelle science », Freud admet l’existence de l’inconscient, c’est-à-dire ce qui est hors du champ de la conscience (le préfixe « in » est privatif) . L’inconscient se manifeste notamment à travers le rêve - qui l’exprime de façon symbolique-, les actes manqués, les lapsus et le dialogue de patient à psy. Il serait composé selon Freud de trois instances psychiques : le moi (tout ce qui est lié à nos sens, ce que nous savons de nous-mêmes, la présence à un sujet de sa propre situation), le ça (tout ce qui est hérité à la naissance, ce qui est inné : le réservoir des pulsions) et le surmoi (la culture, les traditions, l’assimilation de toutes les forces répressives rencontrées par l’individu au cours de son développement : le lieu des interdits). Cependant, Jung, élève de Freud, défend une autre composition de l’inconscient : le moi, l’inconscient personnel et l’inconscient collectif. L’inconscient est une thèse majeure de la philosophie mais aussi une notion qui divise car son existence n’est pas admise de tous.

Au XIXème siècle, Freud cherche plus particulièrement, à travers la psychanalyse, à soigner l’hystérie. Cette maladie névrotique se caractérise par des réactions excessives, théâtrales et une hypersensibilité. Les personnes atteintes d’hystérie sont incapables de se contrôler. Elle touche majoritairement les femmes et son apparition est plus importante à l’époque, surtout dans la bourgeoisie. Ce pan de la société est particulièrement encadré et le sexe y est tabou. Les femmes sont au service des hommes et elles sont vues comme des objets qui servent seulement à procréer. De plus, le corps des femmes est caché avec de longues robes en réponse aux exigences religieuses très ancrées et cet accoutrement sert aussi à montrer leur caste. Ainsi, d’un côté, les femmes ont les désirs sexuels d’un être physique et psychique, et de l’autre, elles vivent dans un carcan prohibant la sexualité pour répondre aux normes sociales. Elles doivent seulement devenir de bonnes mères. Cela crée donc un conflit entre le moi, c’est-à-dire le corps qui voudrait connaître le plaisir sexuel, et le surmoi, c’est-à-dire l’interdiction de le faire. Le plus souvent les couples sont constitués d’une mère asexuée et d’un père fétichiste qui assouvit son désir sexuel dans les maisons closes. Ces décalages sont la raison des nombreuses hystéries chez les femmes de la bourgeoisie du XIXème siècle. Elles expriment leur sexualité à travers la théâtralité du corps.
Anaïs BRANCAZ