kids, par nos anciens élèves devenus comédiens professionnels

Deux anciens élèves du lycée reviennent jouer une pièce de théâtre, à laquelle ils participent comme comédiens : Fanny Jouffroy et Lorenzo Bois Masson.

Une pièce de Fabrice Melquiot : "Sarajevo, Février 1996. Fin du siège. Après toutes ces années d’une guerre interminable, c’est l’improbable jour de la paix.
Sur la colline qui domine la ville détruite se sont donné rendez‐vous les kids, orphelins de toutes confessions, livrés à eux‐mêmes, errant parmi les décombres. Trop vite vieillis, brûlés par la guerre, la misère et l’horreur. Déjà plus des enfants et pas encore des adultes. Dans leur regard glissent et se superposent les images persistantes du temps de la guerre, celles presque effacées du temps d’avant la guerre, et l’énigme de l’avenir.
Ils ont entre 13 et 18 ans.
 Sead, l’aîné, le chef de bande, le rêveur. Amar, le petit gros, le boulimique. Refka, la pisseuse qui sème des cailloux sur la tête des morts. Nada, la petite voleuse qui court vite. Stipan, qui joue au sniper avec un revolver pris sur un soldat mort. Son petit frère Josip, trois pommes, le lunaire. Admira la musulmane et Bosko le serbe.
Comment continuer à vivre sans la guerre, quand on n’a appris qu’à voler pour ne pas mourir de faim, à courir pour échapper aux tirs des snipers ? Comment oublier d’où on vient, soigner ces autres blessures, celles de la mémoire, qui ne cicatriseront jamais ? Comment quitter Sarajevo ? Traverser le pont vers la liberté, vers le mirage d’une vie meilleure, à l’autre bout de l’Europe ?
Pour trouver l’argent du passage, les kids imaginent une Parade à jouer devant l’Occident. Se sauver par le théâtre comme ils ont sauvegardé leur enfance par le jeu.

Kids parle de mort, de guerre, de destruction, mais aussi de force de vie, d’appétit de vivre, d’enfants qui jouent malgré tout. Plus forte que la mort, leur vie continue, avec ses coups de gueule, ses rêves, ses amours, ses chansons, ses joies. Les ruines et les trous d’obus sont leur terrain de jeu. Un vieux sac, un revolver volé à un soldat, des bandelettes teintes de mercurochrome, et ils inventent une sorte de théâtre brut aux solutions bouleversantes de poésie dans leur précarité. Surtout en un temps de division et de haine, ils reconstituent une communauté : un vivre‐ensemble malgré la guerre, qui, même s’il est aussi miroir de la guerre et de la haine, laisse entrevoir comme une utopie."